Chocolaterie KWATTA à Bois-d’Haine
Dénomination :
Cacao & Chocolat Kwatta Société Anonyme – Bois-d’Haine
S.A. Cacao & Chocolat Kwatta – Bois-d’Haine
La société Kwatta était loin d’être inconnu dans le secteur chocolatier. Son histoire remonte à 1883, date de l’association d’un propriétaire de plantations nommé Jozef-Gustaaf Van Emden et d’une famille de pâtissiers confiseur, les De Bondt. Ils fondent la Chocoladefabriek De Bondt en Co. à Breda. L’association ne survit qu’une année et Van Emden continue en indépendant à la tête d’une usine sous le nom « Stoomchocoladefabriek Kwatta ». En 1889, l’entreprise tombe aux mains des frères Eugène et Jules Stokvis.
En 1905, les Stokvis embauchent un employé du nom d’Alfons van Iersel, qui va exercer une influence déterminante sur l’avenir de l’entreprise.
En 1907, van Iersel est à la base de l’apparition sur le marché d’une présentation qui devait révolutionner le secteur chocolatier : le chocolat en bâtons emballés. Jusqu’alors, le chocolat était vendu en morceaux. La naissance du chocolat « Manœuvre » suspecte, à juste titre, une destination militaire (période trouble précédant le premier conflit mondial). Cette destination initiale explique l’apparition du « petit soldat Kwatta » qui fit naître bien des vocations de collectionneurs. Le chocolat Manœuvre est en effet l’objet d’une publicité intense avec production de slogans extrêmement populaires tels que « Mon meilleur camarade est le soldat Kwatta ». À ce titre Kwatta fait incontestablement partie des pionniers en matière de fidélisation de la clientèle.
En-tête de lettre de 1913.
Le géant néerlandais ne va guère tarder à marquer sa nouvelle succursale de son estampille. L’usine de Bois d’Haine est complètement transformée et agrandie durant les hostilités de 14-18 et , dès l’armistice, modernisée et perfectionnée.
Facture de 1926.
Emballage (partie) de chocolat » Extra fondant ».
En 1920, le capital est porté de 300.000 à trois millions de francs par la création de 5400 actions de 500 francs.
Emballage (partie) de « Chocolat au lait ».
Petite publicité.
Les affaires prospèrent à un rythme soutenu. En Hollande, le personnel ouvrier qui comptait 67 unités en 1905 est passé à 1185 en 1920. Une deuxième usine a est construite à un autre endroit à Breda. En 1927, au moment où l’industrie chocolatière compte plus de 50 usines en Belgique, la société bois-d’hainoise possède des entrepôts à Anvers, Liège, Bruxelles, Gand, Courtrai, Namur et Arlon pour la distribution de ses fabrications dont la variété atteint 400 articles ! L’usine produit de 12.000 à 18.000 kilos de chocolat par jour. Rappelons que la marque, reprise par Kwatta dès 1913, est toujours distribuée à cette époque.
Petite publicité de 1926.
Carte postale.
La firme bois-d’hainoise participe aux campagnes de promotion, à cette époque éminemment populaires, grâce à la distribution, accompagnant les produits, de soldats « Kwatta » ou de pierrots « CIDA », que l’on peut échanger contre toutes sortes de marchandises produites par la firme. Des matinées enfantines sont également organisées à Bruxelles.
Carte postale.
Un tel développement ne peut se concevoir sans produits vedettes susceptibles d’engranger un chiffre d’affaires et de susciter un effet d’entraînement sur les autres.
Publicité chocolat « Manoeuvre » des années 30′.
Publicité chocolat « Manoeuvre » de 1934.
Le succès des bâtons « Manœuvre » et « Ma Vie » présenté en bâton mais également sous d’autres formes à partir de 1930, sont incontestables. La production de pâte à tartiner « Chocopasta » fait son apparition vers 1935 et le cacao en poudre Kwatta est apprécié dans toutes les familles du pays. Les articles CIDA sont toujours commercialisés par la firme jusqu’à la fin des années 30.
Publicité chocolat « Manoeuvre » des années 30′.
Concours chocolat « Manoeuvre » de 1936.
Kwatta présente ses produits lors de l’Exposition de Bruxelles de 1935. Son stand se trouvait, regroupé avec d’autres chocolateries, au pavillon de l’Alimentation.
Concours chocolat « Ma Vie » des années 30′.
Parmi les saveurs qui connaissent une certaine vogue à l’époque, citons pêle-mêle :
CIDA : Côte Perlée, Geisha (1928), Bisco (1925), Bangala (1927), Orania, Oasis (1928).
KWATTA : Manœuvre, Ma Vie, Bica, Amy (1931), Carmen, Kastar (1933), Letty (1930), Cacao Olanda, Chocolat Schtroumpf, Chocolat Circus.
Sous l’occupation allemande, la direction procède à une nouvelle augmentation de capital et à la modernisation et l’expansion de l’usine. L’importation des fèves de cacao est interrompue, l’activité « confiserie » est néanmoins maintenue, mais tourne au ralenti.
Un incendie ravage une partie de l’usine au cours de l’après-midi du dimanche 23 juin 1946. bien que rapidement éteint, l’eau ainsi que les flammes provoquent d’importants dégâts ainsi qu’un arrêt de la production.
Liste des primes de 1952.
Le 4 mai 1955, l’Institut Mondial pour la Protection de la Haute Qualité Alimentaire remet son label de garantie à la Chocolaterie Kwatta pour son cacao et son Chocopasta.
L’usine de Bois-d’Haine travaille aussi pour l’armé Belge en lui préparant des bâtons nommés « CMC » (Cantine Militaire) le tout dans un emballage particulier. Pour l’exportation, Kwatta commercialise ses produits via deux sous-marques : SIPAL et SICKESZ.
Publicité.
L’Usine Kwatta fonctionne sans trop de souci jusqu’au début des années soixante. En 1971, le chiffre du personnel baisse régulièrement.
Publicité.
En 1972, la menace se précise avec le début de la collaboration entre Kwatta et Continental Foods. Cette dernière est le résultat d’une fusion entre deux entreprises flamandes : Devos-Lemmens de Puurs, producteur de pickels, mayonnaises et autres sauces et Imperial Products, d’Anvers, inventeur du premier pudding belge. La direction hollandaise mise sur le développement du chocolat à l’Américaine c’est-à-dire un chocolat de couverture quasi exclusivement réservé à l’enrobage des « marshmallows » etc….. La finesse et la composition du chocolat sont moins importantes. Cette option conduit à un affaiblissement spectaculaire de l’entreprise et à son dépôt de bilan.
Publicité de 1965.
En octobre 1973, la reprise en douceur de Kwatta par Continental Foods est une réalité. Un plan de modernisation des activités est à l’étude.
Fin novembre 73, le plan de restructuration est décidé. Les préavis du personnel administratif sont remis le 31 décembre. La reprise de Kwatta ne s’accompagne d’aucun licenciement parmi le personnel ouvrier. La marque Kwatta est désormais propriété de la firme gantoise Goemaere.
Photo extraite de la brochure montrant les différents conditionnements du caco Kwatta.
Les fabrications sont arrêtées dans le courant du premier trimestre 1974.
L’ère du chocolat et du cacao bois-d’hainois prend fin. Celle de la confiserie moderne s’ouvre…
Autres pages sur la chocolaterie Kwatta
Kwatta – Bois-d’Haine
– Chocolat 4 Goûts
– Chocolat 5 Lait
– Chocolat Advocaat
– Chocolat Banane
– Chocolat Bica Citron
– Chocolat Bica Framboise
– Chocolat Corniche d’Or
– Chocolat Grand Cordon
– Chocolat Johnny
– Chocolat Kastar
– Chocolat Letty
– Chocolat Mandarine
– Chocolat Manœuvre fondant
– Chocolat Schtroumpf
– Chocolat Vanor
– Le Livre
– Visite aux Chocolateries Kwatta – CIDA
Sources : Historique tiré du livre « Cida et Kwatta : l’histoire du chocolat et du cacao bois-d’hainois. de Philippe Bracq et Joseph Strale – Documents, facture et emballages TB.
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